dimanche 1 mai 2011

A Ernesto Sábato


William Sabatier & Diego Trosman interprètent "A Ernesto Sábato", thème composé par Leopoldo Federico.

L'écrivain Ernesto Sábato aurait eu 100 ans le 24 juin prochain s'il n'était pas mort hier.

Ici en 1987, parlant du tango en français s'il vous plaît, avec également la voix d'Alfredo Arias : http://www.ina.fr/ardisson/bains-de-minuit/video/I07226114/ernesto-sabato-a-propos-du-tango.fr.html
Extrait d'un film de Jean-Pierre Thibaudat pour la Sept, avec le concours de Libération.

Physicien, romancier, essayiste et critique littéraire,  son œuvre d'inspiration mêle réalisme et métaphysique, où il témoigne de la difficulté de vivre dans le monde moderne.Il est également auteur d'essais sociopolitiques (Sartre contre Sartre, 1968) Ernesto Sábato allie à une réflexion sur le monde une puissante créativité. Son influence est remarquable, en regard du nombre limité de ses œuvres.

Après des études de sciences physiques et de philosophie et la soutenance de son doctorat en physique à l'université de La Plata, il se rend à Paris où il séjournera deux années dans les années 1930, interrompues par un bref retour en Argentine. Deux années décisives de l'avant-guerre durant lesquelles il mène une double vie: il assiste aux cours à la Sorbonne, travaillant en tant que chercheur en sciences le jour, au sein du prestigieux Institut Curie aux côtés d'Irène et Frédéric Joliot-Curie, et devient poète le soir à Montparnasse, en compagnie des surréalistes dont il a fait connaissance.

De retour en Argentine, après un passage au M.I.T. de Cambridge (États-Unis), il continue de mener ses travaux sur la relativité. En 1940 il enseigne à l'université de La Plata. Il abandonnera définitivement les sciences physiques en 1945 afin de se consacrer exclusivement à la littérature.

En 1945, il écrit des articles littéraires pour le journal la Nación qui mécontentent le régime de Péron et l'obligent à quitter son poste d'enseignant. Il entreprend alors la rédaction de Uno y el Universo, un recueil de réflexions et d'observations sur la politique, la société et la philosophie, dans lequel il déplore la neutralité morale de la science. Directeur pendant un an de l'hebdomadaire Mundo argentino, collaborateur de divers périodiques américains et européens, il a publié trois romans et de nombreux essais généralement polémiques.

Nommé par le gouvernement de Raúl Alfonsín, où il est président de la Commission d'enquête sur les personnes disparues en Argentine pendant la dictature (CONADEP), il recueille des milliers de témoignages de tortures, d'enlèvements, de viols et de crimes perpétrés par les militaires qui seront publiés à Buenos Aires en 1985 dans le livre Nunca más [Jamais plus].

Atteint d'une grave maladie oculaire, il cesse d'écrire et se consacre à la peinture (exposition au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou en 1989).

L'univers romanesque d'Ernesto Sabato restera marqué par ces deux aspects de sa personnalité. Un va et vient passionné entre apologies et rejets, une alternance en quête d'interprétations valides de l'Homme et du monde. Une recherche pleine de curiosité, une plaidoirie en défense de la contradiction, une vie que pourraient résumer ces mots de l'écrivain : On s'embarque pour des terres lointaines, on cherche la nature, on est avide de la connaissance des hommes, on invente des êtres de fiction, on cherche Dieu. Et puis on comprend que le fantôme que l'on poursuit n'est autre que Soi même. Son premier roman, Le Tunnel, salué par Albert Camus et Graham Greene parait en 1948. Suivront Héros et tombes traduit et publié en français sous le titre d'"Alejandra", considéré comme son chef-d'œuvre, en 1961, puis l'Ange des ténèbres qui constituent une trilogie de Buenos Aires.

Lisez ou relisez : Le Tunnel (El túnel), traduit de l'espagnol par Michel Bibard, Paris, Éditions du Seuil, collection "Points", 1995, 139 p., ISBN 2-02-023928-0. dont voici le lien avec une étude fort intéressante :  http://stalker.hautetfort.com/archive/2004/03/17/le_tunnel_d_ernesto_sabato.html

Héros et tombes (Alejandra), roman traduit de l'espagnol par Jean-Jacques Villard, préface de Witold Gombrowicz, Paris, Éditions Le Seuil, collection "Points", 1996, 468 p., ISBN 2-02-028137-6

« L'échec de beaucoup de personnes nous sauve un peu. » Alejandra (1961).

« Je crois que la vérité est parfaite pour les mathématiques, la chimie, la philosophie, mais pas pour la vie. Dans la vie, l'illusion, l'imagination, le désir, l'espoir comptent plus. » Alejandra (1961).

« Toute notre vie ne serait-elle qu'une suite de cris anonymes dans un désert d'astres indifférents? » Le tunnel (1978).

« Mais pourquoi cette manie de vouloir trouver des explications à tous les actes de la vie? » Le tunnel (1978).

« ... c'est incroyable à quel point la cupidité, l'envie, la prétention, la grossièreté, l'avidité et, en général, tout cet ensemble d'attributs qui forment la condition humaine, transparaissent sur un visage, dans une démarche, dans un regard. » Le tunnel (1978).

« Il arrive à chacun de se croire un surhomme tant qu'il ne s'est pas aperçu qu'il est en même temps mesquin, impur et perfide. » Le tunnel (1978).

Lisez aussi :

http://www.lexpress.fr/culture/livre/un-soir-de-sabato_636920.html

http://barrio-de-tango.blogspot.com/2011/04/ernesto-sabato-est-mort-la-veille-dun.html

En espagnol :

http://www.elargentino.com//nota-136861-Familiares-personalidades-de-la-cultura-y-politicos-en-la-despedida-a-Sabato.html

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